Au cœur de la pensée du Père Monnereau : Noël, le mystère de la nativité de Jésus

« Le Verbe de Dieu s’est fait chair, il s’est uni à notre chair […] le Fils de Dieu devient le Fils de l’Homme, afin que l’Homme devint le fils de Dieu », le Père Monnereau aimait à travers ses prédications et sa catéchèse présenter l’ensemble des mystères chrétien. A l’approche de la fête de Noël, redécouvrons à travers la lecture d’un sermon du Père Monnereau, le mystère de la naissance de Jésus fils de Dieu, qui vient parmi les Hommes pour les sauver.

     « Parmi tous les mystères que nous célébrons à l’honneur et à la gloire de Jésus-Christ notre divin Sauveur, il n’en est point de plus instructif, ni plus touchant, que celui que nous célébrons aujourd’hui, que le mystère de sa naissance : un Dieu pauvre, un Dieu enfant, un Dieu qui n’a pour demeure ou palais qu’une pauvre étable, pour berceau qu’une pauvre crèche, est un objet qui, en confondant la raison humaine est des plus propres à faire la plus vive impression sur nos esprits et sur nos cœurs. Quoi, en effet, de plus propre à nous attendrir si nous avons encore un peu de foi ? Examinons les circonstances qui ont accompagnées cet aimable mystère d’amour. Voyons comment Jésus-Christ est né et pourquoi il est né dans l’état de pauvreté, d’humiliation et de souffrance dans lequel l’évangile nous le représente aujourd’hui.

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Sermon autographe du Père Monnereau « Ave Maria gratia plena » Archives des Soeurs des Sacrés-Coeurs de Jésus et de Marie (ASSCC) – 1

     Le prophète Michée nous l’avait annoncé il y avait plus de six cents ans, que le Messie naitrait à Bethléem de Juda : Et toi Bethléem Ephrata, avait-il dit, malgré ta petitesse, tu n’es pas la ville la moins considérable parmi toutes les autres tribus célèbres de cette tribu, parce que c’est de toi que doit sortir pour moi le Dominateur c’est-à-dire le roi d’Israël, sa sortie ou sa naissance a lieu dès les jours de l’éternité, il se tiendra ferme, il sera pasteur dans la force du Seigneur, dans la sublimité du nom du Seigneur ; dans la sublimité du nom du Seigneur son Dieu ; on se convertira, parce qu’il sera honoré jusqu’aux extrémités de la terre et il sera la paix.

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     Mais comment cet oracle divin, cette prophétie s’accomplira t-elle ? La Sainte Vierge et Saint Joseph ont fixé leur demeure à Nazareth, éloigné de Bethléem d’une trentaine de lieues ; Ah ! ne craignons pas que l’oracle prophétique soit démenti. Dieu à une infinité de ressources dans les trésors de sa divine Providence. Il sait même se servir des passions des hommes pour en venir à ses desseins à ses fins. L’empereur César Auguste, par un motif de gloire, veut savoir le nombre de sujets que renferme son vaste empire, et pour cela il ordonna qu’on fasse un dénombrement universel de tous ses sujets.

     Marie et Joseph en vertu de cette ordonnance, sont obligés de quitter Nazareth et de se rendre à Bethléem, patrie de leur père David, afin de s’y faire enregistrer. Or ce fut pendant ce séjour à Bethléem et dès leur arrivée dans cette ville que le terme de la grossesse de Marie étant arrivé, elle mit au monde le Fils de Dieu. Mais comme ils étaient pauvres, leur état de détresse ne leur permit pas de trouver place dans aucune hôtellerie de cette ville qui était celle de leur aïeul. Marie et Joseph furent donc contraints de se retirer dans une pauvre étable qui servait d’asile aux vils, aux animaux des étrangers (Arabes, Bédouins et Chaldéens), et c’est dans ce lieu vil et obscur que naquit et fut placé dans la crèche le Dominateur d’Israël, le roi de la souveraine gloire, le souverain du ciel et de la terre, le maître de toutes les richesses du ciel et de la terre. Vous en êtes surpris, et vous ne comprenez pas comment à qui appartient toutes choses ait voulu paraître dans un lieu aussi obscur.

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     Mais sachez d’abord que si ce Dieu sauveur a voulu paraître ainsi, sous les traits de l’enfance, il n’a rien perdu de sa puissance souveraine et les merveilles prodigieuses qu’il opérât à sa naissance firent voir à ceux qui en furent les témoins que s’il obéissait aux puissances de la terre, les puissances des cieux elles-mêmes lui étaient soumises.

     Et en effet, il ne fut pas plutôt né dans l’obscurité de son étable qu’un ange du ciel apparut à de pauvres bergers occupés à la garde de leurs troupeaux, dans un petit vallon éloigné d’un quart de lieu de Bethléem, éclatant de lumière comme il l’était, les pauvres bergers d’abord en furent saisis, mais l’ambassadeur divin les rassura en leur disant : C’est ainsi que Dieu glorifie la naissance de son divin Fils, c’est ainsi qu’il releva la bassesse de l’état obscur ou il s’était réduit en naissant, quoi qu’il ne parut qu’un enfant ordinaire, les esprits célestes annonçaient par leurs cantiques de louange, qu’ils le reconnaissaient pour le Sauveur des hommes, le médiateur établi pour les réconcilier avec le ciel, ils le représentèrent comme le Messie qui devait réparer la gloire de Dieu et rendre la paix aux hommes.

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     La mission de ces esprits célestes étant terminée, ils se retirèrent dans le ciel, et quant aux bergers, ils se dirent les uns aux autres : passons jusqu’à Bethléem et voyons les choses qui nous ont été annoncées. Ils y furent donc et ils rencontrèrent toutes les choses comme elles leur avaient été annoncées, ils rencontrèrent l’enfant et la mère, l’enfant couché dans une crèche et couvert de langes : et invenerunt puerum cum matre e jus, pannis involutum et positum in praesepio. Puis s’en retournant chez eux, ils publièrent partout les grandes merveilles qu’ils avaient vues et qu’ils avaient entendues et tous ceux qui en entendirent parler étaient dans la joie et le ravissement.

     Aussi vous, vous en êtes ravis de ces merveilles, vous en êtes touchés et attendris parce que vous sentez qu’il n’y a que l’amour qui a pu porter le divin Sauveur à se montrer dans l’état d’abaissement oú il s’est réduit pour nous, mais pour mieux sentir encore le prix de cet amour que Jésus-Christ nous a montré dans l’étable de Bethléem, examinons quels sont les motifs et les raisons qui l’ont porté à ces grands sacrifices.

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     Il était le roi des rois, le seigneur des seigneurs, le monarque des monarques, le souverain du ciel et de la terre et d’après ces titres, s’il voulait naître, il devait selon notre manière de voir les choses, naitre au milieu de la pompe et de la majesté et de la gloire, son berceau devait être environné de tout l’appareil le plus brillant, pour inspirer aux hommes les respects qu’ils devaient lui porter. Mais ce n’était pas pour cela qu’il était descendu sur la terre : il était venu dans le monde pour satisfaire à la justice de Dieu son Père outragée par les péchés des hommes, il était venu sur la terre pour expier les péchés des hommes, et leur mériter la gloire éternelle. En se revêtant de notre humanité, il avait oublié en quelque sorte sa dignité de Dieu, pour ne se montrer que comme une victime destinée à désarmer la colère de Dieu. »

Sermon du P.Monnereau n° 144

 Thomas Aubin, archiviste de la Congrégation