La dignité de la personne plus forte que l’apparence physique et les moyens de vivre. (Madagascar)

Après avoir suivi la formation humaine intégrale à Montréal, j’ai trouvé le sens de ma vie dans les actions quotidiennes. Etant sœur des Sacrés Cœurs proche des gens, je vois le secret de cette proximité à laquelle Pierre Monnereau nous invitait à la suite de Jésus.

Durant ma retraite annuelle, de retour à Madagascar, j’ai reçu une lumière qui est liée à mes prises de consciences pendant la formation : ta blessure peut devenir une mission. Le travail sur soi permet à soi-même d’aller aider les autres. Cette référence biblique que j’ai découvert pendant ma retraite exprime ma manière de vivre mes vacances. Cette expérience est confirmée non seulement chez ma famille mais aussi dans quelques communautés des sœurs des sacrés cœurs où je suis passée. Pour moi, c’est clair, être proche, c’est vivre avec la personne pour sentir ce qu’elle vit, pour la comprendre, sentir ses besoins, voir ses forces et ses valeurs et comme dit Sait Paul aux Hébreux 2,18 « Et parce qu’il a souffert jusqu’au bout l’épreuve de sa Passion, il est capable de porter secours à ceux qui subissent une épreuve. »

En famille, c’est la première fois que je donne plus de temps pour bâtir la fraternité familiale non seulement par mes paroles mais surtout par mes engagements aux tâches quotidiennes. J’ai pu surmonter les pièges de la vie en voyant les souffrances répandues dans le monde et surtout dans notre pays : en particulier celui du découragement. Ce piège enlève de voir la beauté et la valeur de la personne et ses forces quand elle cherche les moyens pour vivre.

 

 

 

 

Allons voir les différentes activités que j’ai vécues pendant mon passage en famille pendant deux mois. J’ai décidé d’être avec ma mère et d’apporter ma contribution. J’ai voulu surtout de valoriser la richesse de sa personne dans ce qu’elle fait quotidiennement. Combien la routine nous empêche de voir la beauté qui se cache dans notre action ! Comme elle s’est sentie heureuse et dynamique dans se faire ensemble ! Plusieurs fois, je m’associais au projet de la famille. J’expérimentais la collaboration et la coopération avec maman dans plusieurs activités que j’avais appris dans mon enfance. Elle a été très surprise qu’après une trentaine d’années où j’ai quitté la famille, je suis encore capable de reprendre certaines activités : comme faire les anses de panier « satrana », m’occuper de bébés, cuisinier au charbon de bois, chercher de l’eau, piler les grains de maïs, nettoyer le champ de maïs, couper le bois, transporter notre panier sur la tête et reprendre les habitudes de la famille. Pendant l’activité, elle proclame sa joie que je n’ai pas oublié tout cela.

C’est pareil du côté de mon père qui vit à la campagne. Les gens de son village sont impressionnés de me voir vivre comme eux, moi qui pourtant suis partie dans les lointains pays. Une sœur venant de l’étranger est capable de s’adapter à leur nourriture, de revenir à la langue maternelle, capable de cuisinier avec du bois, d’aller chercher de l’eau à la rivière comme les femmes du village, de faire des km à pied pour rejoindre la famille et capable de conserver la culture. Mon père a été surpris de ma capacité d’adaptation et de faire la marche. Ce passage m’a fait vivre la simplicité et l’humilité. Avec la formation, ça devient plus riche car je vois la dignité de la personne plus forte que son apparence physique et ses moyens de vivre. La dignité humaine est plus grande que de sa classe sociale, sa culture, sa religion, son pays. Depuis mon entrée à la congrégation, j’ai pu vivre humainement comme religieuse. J’ai compris la version de saint Paul au-dessus, quand on descend plus bas, on peut se relever avec les gens que le Seigneur met sur mes chemins. Cette attitude m’habite et nourrit ma relation avec les autres et avec le Christ.

Blandine Sotinahy, La Roche Sur Yon 17 décembre 2024