Un petit virus de rien du tout

Nouvelles de République Dominicaine depuis la communauté de Santiago 

Il est apparu au milieu d’une crise politique, à quelques mois de l’élection présidentielle prévue le 17 mai de cette année ; à un moment où au lieu de chercher à « briller », il faudrait s’unir et compter sur la participation des différentes organisations politiques, sociales, économiques…

Il est invisible mais puissant et, pour nous préserver, nous avons obéi aux directives de notre Président et à celles de la Conférence épiscopale : les établissements scolaires et universités ont été fermés le 18 mars (2 d’entre nous travaillent en éducation) ;   tous les rassemblements, petits ou grands ont été supprimés : Messes, retraites, chemins de croix… mais aussi réunions à tous les niveaux, rencontres, sports et jeux olympiques…

La quarantaine est entrée en vigueur le 19 mars pour 15 jours qui viennent d’être renouvelés : ordre de rester chez soi. La plupart des magasins ont très vite fermé, les transports publics ont été supprimés dans les villes ainsi que vers ou de l’intérieur.  Seuls sont autorisés les supermarchés, pharmacies, banques… quelques rares usines ont continué à tourner. Depuis le début de la quarantaine, un couvre-feu a été institué de 20 h à 6h du matin ; le 26 mars il a été renforcé, il commence maintenant dès 17 h. Les récalcitrants -bien sûr il y en a- sont envoyés en prison.

Ces mesures, bien nécessaires pour limiter la contagion, ont été respectées par beaucoup. Pour d’autres, sûrement nombreux, ne pas sortir signifie ne pas manger. Ils vivent au jour le jour de « petits boulots », de ce qu’ils achètent et revendent dans la rue… Où acheter ? à qui revendre ? Comment maintenir la famille ? Après 15 jours beaucoup reviennent.

A ce jour : 4 avril, les chiffres officiels (recueillis par les services sanitaires) indiquent 68 morts et 1488 personnes atteintes. Nous avons appris avec grande douleur la mort d’Alberto, mari de Delkis, l’une de nos associées de Pimentel, déjà éprouvée par la mort de 2 personnes très proches ces 6 derniers mois.

Ensemble 24h /24   

Notre communauté est située près de Santiago, la 2ème ville du pays, dans la campagne. Nous avons une grande maison et un grand patio, au bord d’une route très passagère. Sans transports publics et sans voiture, nous avons donc les conditions optimales pour respecter au mieux le confinement. Les nuits sont un peu plus longues et plus reposantes, quand il n’y a pas de visite nocturne, le rythme différent. Virgilia et Eurelice ne vont plus à l’école mais travaillent pour l’école à distance : formation permanente demandée par le Ministère de l’éducation ; préparation de matériels pour les élèves. Combien en profiteront ?

Manifestations de solidarité  

Marisol, une associée qui habite à quelques kms, pense à nous souvent. Elle nous apporte un plat préparé ou le nécessaire pour améliorer notre menu. Elle vient en voiture et nous sortons chercher ce qu’elle apporte. Nous lui partageons, ainsi qu’à quelques autres, des oranges et autres produits de notre patio ou de nos inventions. A plusieurs reprises elle a fait nos courses en même temps que les siennes. Cecilia nous a appelées cette semaine : « auriez-vous des cocos ? je prépare un remède, mon mari passera »

Antonio, notre livreur d’eau potable, nous apporte régulièrement nos 4 bonbonnes et a accepté volontiers de nous faire quelques courses. Ce matin Virgilia a pris son moyen de transport, style badjaj de Madagascar, pour aller payer : eau, électricité, téléphone.

Un voisin proche nous vend des légumes courants et des fruits: manioc, patates douces, salades, aubergines, papayes, ananas, quand il a pu lui-même se réapprovisionner.

Communion dans la prière

Ce temps a favorisé une prière intense, élargie au monde entier. Pour la Messe nous avons rejoint à plusieurs reprises le Pape François, à Ste Marthe, il porte vraiment dans son cœur et dans son corps,  la souffrance de tous les peuples ; nous sommes aussi allées à Lourdes, en Colombie, à St Germain des prés, à Los Angeles… communiant ainsi à l’Eglise universelle.

Entre nous, à la prière régulière des Laudes et Vêpres, nous avons ajouté, en variant suivant les jours, chapelet, chemin de croix, temps d’adoration… autant d’occasions de nous unir à tous les priants du monde! Les églises sont vides mais les petites églises domestiques se sont multipliées. Nos responsables pastoraux veillent et, de multiples façons, comme notre Conseil général, garde le cap sur l’Espérance !

Les médias, WhatsApp en particulier, nous ont permis de communiquer en permanence avec nos proches : sœurs, associés, familles et autres groupes. Nous apprécions, même si parfois c’est trop !

Nous vous restons unies plus que jamais ! A tous les jours, encore plus durant la Semaine Sainte !

 Virgilia, Eurelice, Maria Paula