Confinées à Doix

Alors que nous vivons à 3 dans notre communauté de Doix depuis l’accident de notre sœur  Georgette le 12 février dernier, mais que nous allons avoir la joie d’accueillir le jeudi 30 avril, nous avons appris par notre responsable de Congrégation, le confinement qui attendait chaque français…
Personnellement, je n’ai rien changé à mon emploi du temps de la journée, vivant comme mes sœurs, dans une grande sérénité et aussi confiance. En communauté nous nous sommes organisées pour l’entretien de notre grande maison et pour les courses : le pain à Fontaines, et Fontenay, en plus pour chercher le linge de notre sœur hospitalisée avec celui de sa voisine dont la fille habite la Mayenne.
 
Ce fut aussi pour moi une découverte de la nature : chaque matin, grâce à ce très beau printemps cette année, j’ai pu admirer, de mon bureau, l’apparition des premières feuilles et fleurs des arbres, entendre le chant des oiseaux, en particulier de celui qui chaque matin chante  » Tut, Tut, Tut » sans discontinuer : quelle persévérance… mais quel est son nom ? J’ai vu la prairie toute blanche avec les pâquerettes, passer au vert après la tonte des ouvriers. Voir la progression des quelques cerises que nous aurons la joie d’apprécier à la mi-mai… Et quelle surprise de voir de beaux et gros oiseaux blancs dans notre parc : aigrettes, et même héron je pense.
 
Au niveau de la communauté, j’ai pu voir des signes tangibles d’une fraternité qui se construit aussi dans l’épreuve. Prévenance et délicates attentions de la part de mes sœurs,  un coup de main pour la vaisselle, du bon bouillon de légumes prêt pour le repas que j’avais à préparer etc. Des signes qui ne trompent pas et qui sont plus parlants que des paroles en l’air sans suite dans le quotidien.
 
Au cœur de ce confinement, la Semaine Sainte vécue au mieux en suivant les célébrations du diocèse dans notre oratoire en union avec tous les chrétiens du monde.
Pâques, fêté en suivant la messe du pape et recevant ensemble sa bénédiction, puis en partageant le repas avec une table bien décorée, et recevant de nos voisins de l’Ehpad une missive avec une vingtaine de mots ou signatures à laquelle nous avons répondu le jour-même par la remise d’une carte pour tous.
 
Mais le plus dur à vivre, c’est de se sentir orphelines des relations familiales, amicales et fraternelles de toutes ces personnes que nous avons l’habitude de côtoyer au quotidien pour certaines, dans la commune, dans les 4 Ehpad pour la messe, et le dimanche dans les célébrations, comme dans les réunions et activités diverses. Mais cela ne nous a pas empêchées de garder les liens qui nous unissent à ces personnes par l’envoi de cartes, mails, SMS, et coups de téléphone… et tout cela tant apprécié par les destinataires !
 
Ma peine aussi, être privée de la nourriture eucharistique au quotidien même si nous avons la chance d’avoir la présence réelle dans notre oratoire où nous nous réunissons matin et soir en communauté. Nous y portons, dans notre prière, tous ceux et celles que nous aimons et aussi pour toutes les personnes qui souffrent de cette pandémie sans oublier celles qui les soignent et sont au chevet de nos frères et sœurs aînés, malades ou rendus fragiles à cause de ce confinement.
 
Mais aussi joie de re-découvrir la parole de Dieu proclamée, expliquée par de nombreux médias et sites (merci à la paroisse de Benet).
 
Un immense merci aux personnes qui travaillent pour notre nourriture au quotidien : pain matériel, mais aussi spirituel et en particulier RCF- KTO- TV le dimanche et surtout nos responsables de Congrégation et notre doyen François dont le texte quotidien reçu par plus de 450 familles et que j’envoie chaque jour à plus de 50 personnes ! Que de réactions positives de reconnaissance. Une amie de la région parisienne écrit : « Je vois que l’activité religieuse de votre région est toujours bien vivante. C’est vivifiant. Je suis en communion spirituelle avec vous »… Et bien d’autres réactions de ce style !
 
Alors, oui, merci Seigneur de ce temps si spécial, éprouvant parfois que nous vivons, mais nous nous savons accompagnées par toi au quotidien!  Donne-nous la grâce d’en sortir vivifiées et fortifiées pour vivre au mieux l’après confinement avec tous ceux que nous rencontrerons et que nous confions à Marie.
 
Et pour terminer, je reprends l’enseigne des vendéens que m’a rappelée une amie d’enfance : « Haut les cœurs ».
Sœur Marie-Gabrielle Gaillard